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Nous n’oublions pas la blessure profonde reçue par la patrie, parce qu’elle est en même temps une blessure profonde reçue par le droit universel des peuples. (Applaudissements sur divers bancs).

Mais si nous ne nous reconnaissons pas le droit d’oublier, nous ne nous reconnaissons pas et nous ne reconnaissons à personne le droit de haïr, car notre pays même, si noble et si bon qu’il soit, a eu lui aussi, et c’est notre honneur de pouvoir le dire, il a eu lui aussi dans le passé et à l’égard même du peuple que vous savez de longues heures de brutalité et d’arbitraire domination. Et dans les fautes des autres peuples nous reconnaissons trop les fautes du nôtre pour que notre patriotisme même nous permette de nourrir de meurtrières inimitiés. Ni haine, ni renoncement ! Voilà notre devise. (Applaudissements à l’extrême gauche).

Contre l’atteinte portée au droit nous ne protestions pas seulement comme Français, entendez-le bien ! subissant un déchirement intime dans le déchirement commun de la patrie ; nous protestons aussi comme socialistes. Il est intolérable, au moment où le socialisme veut affranchir toutes les volontés humaines, qu’il y ait des volontés françaises séparées violemment du groupe historique dont elles veulent faire partie. (Nouveaux applaudissements sur les mêmes bancs.)

Et si nous combattons, si nous poursuivons le capitalisme, c’est parce qu’il donne à l’homme prise sur l’homme ; si nous combattons dans cette force du capital la prolongation du vieil esprit de domination et de conquête sous sa forme la plus brutale, quand il fait ouvertement violence à la conscience des peuples et quand il coupe en deux