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nuée dormante porte l’orage. (Très bien ! très bien ! à l’extrême gauche.)

Messieurs, il n’y a qu’un moyen d’abolir enfin la guerre entre les peuples, c’est d’abolir la guerre entre les individus, c’est d’abolir la guerre économique, le désordre de la société présente, c’est de substituer à la lutte universelle pour la vie — qui aboutit à la lutte universelle sur les champs de bataille — un régime de concorde sociale et d’unité.

Et voilà pourquoi, si vous regardez, non pas aux intentions, qui sont toujours vaines, mais à l’efficacité des principes et à la réalité des conséquences logiquement, profondément, le parti socialiste est dans le monde aujourd’hui le seul parti de la paix. (Applaudissements à l’extrême gauche).

Et ne croyez pas, messieurs, lorsque nous affirmons ici notre haine de la guerre, ne croyez pas que nous soyons résignés pour notre pays à la brutalité des faits accomplis (Très bien ! très bien ! à l’extrême gauche,)

À gauche. À la bonne heure !

Jaurès. Nous n’oublions pas, nous ne pouvons pas oublier. (Applaudissements à l’extrême gauche,)

Je ne sais si quelqu’un oublie, mais ce n’est pas nous ! Le chancelier de Caprivi, qu’on a beaucoup cité ces jours-ci, et que je veux citer à mon tour, disait, dans cette langue réaliste des hommes d’État allemands, au cours de la discussion sur la loi militaire, et pour établir l’incontestable sincérité de ses sentiments pacifiques :

« La nation allemande est rassasiée. »

Nous sommes, messieurs, dans la nécessité douloureuse de dire : la nation française est mutilée. (Très bien ! Très bien ! Mouvement).