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de métier. L’Assemblée nationale acclamait l’illustre rapporteur de la loi militaire disant : « Quand on parle d’armée, il ne faut plus parler de démocratie » ; et elle couvrait de huées le défenseur de Belfort, Denfert-Rochereau, réclamant contre le dogme de l’obéissance passive. (Très bien ! très bien ! à l’extrême gauche.)

Et au moment même où, de l’autre côté de la frontière, un empereur d’armée disait récemment à ses soldats qu’il avait désormais besoin surtout de leur fidélité contre l’ennemi intérieur et qu’ils devaient être prêts à tirer sans hésitation et sans faiblesse, sur leurs pères et sur leurs frères enrôlés par la démocratie sociale, à ce moment même ou quelques jours après, dans cette discussion, on nous signifiait — et je remercie l’orateur du parti conservateur comme je l’avais remercié l’autre jour, de sa sincérité et de sa franchise — on nous signifiait que l’armée était la grande sauvegarde au dehors et au dedans, nous avons alors compris ce que cela voulait dire.

Et voilà comment, messieurs, vous aboutissez à cette double contradiction : d’une part, tandis que tous les peuples et tous les gouvernements veulent la paix, malgré tous les congrès de philanthropie internationale, la guerre peut naître toujours d’un hasard toujours possible ; et, d’autre part, alors que s’est développé partout l’esprit de démocratie et de liberté, se développent aussi les grands organismes militaires qui, au jugement des penseurs républicains qui ont fait notre doctrine, sont toujours un péril chronique pour la liberté des démocraties. Toujours votre société violente et chaotique, même quand elle veut la paix, même quand elle est à l’état d’apparent repos, porte en elle la guerre, comme la