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d’éclater ? Comment voulez-vous qu’elle ne soit pas toujours possible, lorsque dans nos sociétés livrées au désordre infini de la concurrence, aux antagonismes de classes et à ces luttes politiques qui ne sont bien souvent que le déguisement des luttes sociales, la vie humaine elle-même en son fond n’est que guerre et combat ?

Ceux qui, de bonne foi, s’imaginent vouloir la paix lorsqu’ils défendent contre nous la société présente, lorsqu’ils la glorifient contre nous, ce qu’ils défendent en réalité, sans le vouloir et sans le savoir, c’est la possibilité permanente de la guerre ; c’est en même temps le militarisme lui-même qu’ils veulent prolonger.

Car cette société tourmentée, pour se défendre contre les inquiétudes qui lui viennent sans cesse de son propre fonds, est obligée perpétuellement d’épaissir la cuirasse contre la cuirasse ; dans ce siècle de concurrence entre les armées et surproduction militaire ; l’industrie elle-même étant un combat, la guerre devient la première, la plus excitée, la plus fiévreuse des industries (Très bien ! très bien ! à l’extrême gauche).

Et il ne suffit pas aux nations de s’épuiser ainsi à entretenir les unes contre les autres des forces armées ; il faut encore – et ici je demande la permission de dire nettement ma pensée – que les classes privilégiées, possédantes de tous les pays, isolent le plus possible cette armée, par l’encasernement et par la discipline de l’obéissance passive, de la libre vie des démocraties. (Applaudissements à l’extrême gauche. Interruptions au centre).

On ne nous a pas caché depuis vingt ans que c’était là aujourd’hui, en Europe, la conception des armées