Lorsqu’au dessus des cottages et des cours d’eau de la campagne environnante on aperçoit le faîte du toit, de forme plutôt basse pour la France, de l’église abbatiale de Pontigny, la plus vaste des églises cisterciennes existantes de nos jours, on la prendrait volontiers pour un grand bâtiment de ferme. Vue de plus près, il se dégage quelque chose sans prétention, quelque chose d’agréablement anglais, de ses murailles uniformément grises, percées de hautes fenêtres ogivales, tout comme si elles prenaient jour sur les basses terres de l’Essex, les prairies du Kent ou du Berkshire, contrées dont vinrent ces saints exilés – nos compatriotes – qui ont fait la célébrité du cloître de Pontigny, où se trouvent les reliques de l’un d’eux, saint Edmund d’Abingdon, saint Edme[2].
Le site, que choisirent les fils de saint Bernard, pour y édifier leur demeure, est une prairie au milieu d’une région de vignobles réputés[3]. De même que ses majestueuses rivales clunissiennes, l’église possède un portail ouest, de structure élégante, mais de proportions relativement humbles, abrité par un toit de tuiles plates. À l’intérieur, un épais revêtement de badigeon à la chaux s’harmonise aux formes simples de la « Transition » au premier style ogival, à la conception remar-