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CHAPITRE I

La Religion de Numa


Lors du triomphe du Christianisme, l’ancienne religion se maintint plus longtemps dans les campagnes et s’éteignit enfin sous forme de paganisme — synonyme de religion des paysans — devant la conquête de l’Église Chrétienne, — de même à une époque plus reculée, dans les localités éloignées des villes, les plus anciennes et les plus pures formes de ce même paganisme avaient persisté. Tandis qu’à Rome même, dans la confusion la plus extraordinaire, des religions nouvelles avaient surgi, autour de celle qui se mourait, l’antique religion patriarcale, « la religion de Numa », comme le peuple aimait à se la figurer, persistait sans altération notable, dans la vie pastorale, berceau de tant de ses rites et de ses inspirations. Nous pouvons saisir quelques traces de cette survivance dans les allures de pure convention de la poésie pastorale latine, dans Tibulle, notamment, qui nous a conservé nombre de détails poétiques sur les antiques coutumes religieuses de Rome.

« At mihi contingat patrios celebrare Penates
« Reddereque antiquo menstrua thura Lari »

est chez lui une invocation pieuse, faite avec une sincérité parfaitement sérieuse. On retrouve, dans une de ses élégies, comme une réminiscence liturgique, dans les répétitions d’une formule consacrée, à l’occasion du cérémonial d’un sacrifice pour un anniversaire de naissance. Le foyer, dont une étincelle, suivant une version de l’antique légende, avait donné miraculeusement naissance à l’enfant Romulus, demeurait bien toujours un autel, et l’offrande la plus méritoire auprès des Dieux, était celle de la santé florissante chez les jeunes hommes et les jeunes femmes que l’ac-