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le seul fait qu’ils avaient maintenant des armes à tir rapide. Mais, cet avantage leur donnait une telle hardiesse, une si grande sûreté d’eux-mêmes qu’ils ne redoutaient rien. C’est que, outre leurs fusils aux mains, ils avaient au cœur des convictions profondes ; ils avaient la volonté et l’énergie qui triomphent des obstacles paraissant les plus insurmontables… Tandis que les troupes qu’on leur opposait, quoique supérieures par l’instruction militaire, leur étaient notablement inférieures, car elles marchaient par contrainte, sans enthousiasme et sans confiance.


Dès le matin, la fièvre des journées de grand drame déversait tout Paris dans les rues.

L’armée, ses dispositions dernières prises, morne et sans fougue, — sans rien de l’entrain qu’on attribuait aux soldats français, même dans. les moments les plus critiques, — occupait les points qui lui étaient assignés. Tout à coup, dans ses rangs, la nouvelle des incidents de la nuit se propagea comme une traînée de poudre : les soldats se racontaient l’incendie de la caserne du Château-d’Eau, la mise à sac des dépôts d’armes, — et que, maintenant, les grévistes étaient aussi bien outillés que les régiments de l’ordre pour la bataille.

À ces récits, que ponctuaient des commentaires fâcheux, ce qui restait aux troupes d’esprit de discipline, de sentiments d’obéissance, s’effondra ! Et tandis qu’elles restaient là, figées dans l’attente, déconcertées, — une foule, plus curieuse qu’apeurée, où dominaient femmes et enfants, inondait les trottoirs, la chaussée. Cette foule, affluant toujours plus nombreuse,