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mêle, les soldats descendirent dans la cour et, après un premier moment de panique et d’affolement, on se préoccupa d’éteindre l’incendie. Il avait plusieurs foyers, — preuve certaine de malveillance, — et déjà sur divers points, il faisait rage.

On s’activa pour mettre les pompes en batterie.

Mais, déception angoissante ! L’eau ne venait pas… L’une après l’autre, toutes les prises d’eau furent ouvertes ! Ce fut en vain ! D’aucune rien ne jaillit. Il fallut se rendre à l’évidence : l’eau avait été intentionnellement supprimée.

Avant qu’on eût acquis cette déconcertante certitude, un temps précieux avait été perdu. Lorsqu’on renonça à tout espoir d’enrayer le sinistre, l’incendie gagnait de proche en proche, crépitant d’étage en étage. Les unes après les autres, les croisées crevaient avec fracas, laissant entrevoir, au travers de torrents de fumée, les rutilances de la fournaise.

Quand on voulut sauver les chevaux, qui avaient amené canons et mitrailleuses, ces bêtes, affolées, ruaient, se cabraient, étaient intraitables. Après d’énormes difficultés, on parvint à les faire évacuer. Par contre, il fut absolument impossible, malgré d’incroyables efforts, de les atteler aux pièces d’artillerie, — qu’on dut abandonner dans la cour, ainsi que leurs parcs. à munitions… Et l’angoisse s’aggrava des redoutables explosions possibles.

Cette catastrophe disloqua toutes les combinaisons arrêtées pour l’attaque. Les soldats, complètement débandés, à peine vêtus et sans armes, erraient à l’aventure. Malgré qu’aucun d’eux n’eût péri dans l’incendie, ce fut avec beaucoup de peine que les