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Dans la plupart des casernes et des campements, il s’était établi, entre soldats et ouvriers, des accointances précieuses. Il y avait plus grave ; en bien des compagnies, aux chambrées, fréquemment le thème de conversation roulait sur ce que les soldats se doivent à eux-mêmes et à l’humanité… et, en conclusion, il s’était formé dans les régiments des groupes d’affinité. Pour en faire partie, une préalable promesse était exigée des affiliés, — celle de ne pas tirer sur le peuple. De plus, comme il était matériellement impossible de tenir les troupes constamment consignées, des soldats ne craignaient pas de profiter de leurs rares heures de liberté pour se mêler au populaire et assister aux réunions.

Tel était l’état d’âme de la troupe, lorsque le Pouvoir se décida à porter à la grève le coup qu’il espérait décisif.


Dans la nuit, les marches et contre-marches s’effectuèrent, de façon qu’au matin les opérations militaires se pussent commencer sur tous les points à la fois.

Un peu avant l’aube, un incident aussi imprévu que désastreux, vint jeter le trouble dans les dispositions prises. Alors que s’achevaient les préparatifs de la bataille, à la caserne du Château-d’Eau qui, vu sa proximité de la Bourse du Travail, et aussi de la rue Grange-aux-Belles, était un des centres d’action de la répression, — des cris « au feu ! » s’élevèrent.

La caserne flambait !

L’alarme fut vite donnée. En un désordonné pêle-