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éveiller l’attention des grévistes et, eux aussi, prirent leurs dispositions.

Déjà, dans les syndicats, les éléments jeunes, — les plus entreprenants, les plus résolus, — avaient constitué des sortes de cohortes qui s’étaient plus spécialement donné pour mission de veiller à la sécurité des comités et des permanences, — établissant des gardes, des postes, afin que la surveillance ne fût jamais en défaut et qu’on ne risquât pas d’être pris à l’improviste.

Ces groupements avaient aussi cherché à s’armer, — se précautionnant de munitions, réquisitionnant chez les armuriers et un peu partout les armes utilisables. Ils ne se leurraient cependant pas sur la mince valeur de leur armement. La plupart des jeunes gens qui faisaient partie de ces cohortes étaient, en même temps, affiliés aux groupes antimilitaristes, — ils savaient bien qu’il eut été fou de leur part, d’espérer tenir tête à l’armée.

Ils savaient qu’on n’a jamais fait une révolution contre l’armée, — mais seulement avec son appui, ou tout au moins avec sa neutralité. Ils savaient qu’à toutes les époques insurrectionnelles, le peuple n’a triomphé que lorsque la troupe a refusé de tirer, s’est ralliée à lui. Et ils en concluaient que, cette fois encore, l’attitude de l’armée déciderait de l’échec ou du triomphe de la grève générale. C’est pourquoi tous leurs efforts avaient convergé à nouer des relations avec des soldats. Ils y étaient parvenus d’autant plus facilement que l’armée était travaillée, elle aussi, d’aspirations sociales, — écœurée, harassée du rôle répressif auquel on l’astreignait.