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décider, voter des résolutions et des ordres du jour, — l’intérêt était ailleurs. Elles ne représentaient plus rien. Le parlementarisme agonisait.


Quoique résolu à l’œuvre sanglante de la répression implacable et féroce, le gouvernement était perplexe. Le mouvement révolutionnaire qu’il voulait écraser avait ceci de typique que, n’étant pas centralisé, son éparpillement rendait l’opération plus ardue. Sur quels points convenait-il de porter l’effort décisif ? Occuper militairement le siège de la C.G.T., et même la Bourse du travail ne rapprocherait guère de la solution. Faire emprisonner les principaux militants, les membres des comités et des commissions ? Il l’avait déjà tenté, sans résultats appréciables. Les arrestations, qu’il avait réussi à faire opérer — et elles étaient nombreuses ! — n’avaient rien désorganisé. Les membres incarcérés avaient été remplacés automatiquement, — plusieurs fois de suite en certaines organisations — sans qu’il en soit résulté ni désagrégation, ni même flottement.

À la suite de ces coups de force, pour parer à leur renouvellement, les Comités de grève avaient pris leurs précautions : ils siégeaient en permanence dans les salles de réunion où, jour et nuit, veillaient de nombreux grévistes.

Et puis, il n’y avait pas que les comités à neutraliser, à annihiler, — il y avait aussi le peuple…

Où l’atteindre ? Comment le frapper ? Il avait la prudence de ne pas se prêter à la répression, — il savait se dérober, se faire impalpable, insaisissable. En outre, avec quoi le contraindre ? Pour vaincre