Page:Pataud, Pouget - Comment nous ferons la Révolution, 1909.djvu/83

Cette page n’a pas encore été corrigée

poussés par la nécessité. Ceux-là n’avaient pas le feu sacré et, lorsqu’ils constatèrent que le métier devenait scabreux, qu’il y avait force coups à recevoir, ils négligèrent de prendre leur service et se terrèrent si bien qu’on ne les revit plus. Quant aux autres, — les zélés, — pour se soustraire aux rancunes populaires, ils demandèrent à être logés dans les postes ou encasernés.

La traque aux policiers de tous poils s’organisa aussi, vigoureuse, impitoyable. Des enquêtes rapides s’ouvrirent sur les suspects, menées à bien par leur entourage, les voisins, — et les quartiers où les travailleurs formaient l’essentiel de la population furent épurés.


De leur côté, les groupements antimilitaristes redoublaient d’audace. Ils ne bornaient plus leur activité à chapitrer les escouades de soldats, ils les attiraient aux réunions, leur donnaient en exemple les gardes-françaises de 1789, les fantassins du 18 mars 1871, et les incitaient à pareille attitude. Plus d’une fois, même, il advint aux antimilitaristes, de passer de la morale à l’action : de désarmer des factionnaires ou tous les soldats d’un poste. Plus d’une fois, également, il advint que ceux-ci se laissèrent doucement faire violence et mirent à être désarmés une complaisance bénévole.

L’inquiétude de l’armée et sa dépression morale s’accentuaient, — aggravées par les déplorables conditions matérielles auxquelles son campement dans Paris la soumettait. Elle aussi ressentait le contrecoup de la grève, — elle était mal approvisionnée,