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de résistance. La bande où, à côté des hommes étaient des femmes, des enfants, se laissait disperser sans efforts. Ceux qu’on s’avisait d’arrêter suivaient sans rébellion, avec d’autant plus de désinvolture que, sachant les prisons farcies, débordantes, ils prévoyaient ne faire qu’un court séjour au poste voisin. Une telle passivité dans la révolte rendait difficile l’emploi, contre ces bandes, des moyens violents. Et c’est ce qui fit que, pour nombreuses et toujours réitérées que fussent ces scènes de réquisition, elles furent rarement tragiques.

Cette non-résistance n’était d’ailleurs qu’une tactique, à laquelle la foule eut recours, en maintes occasions : elle avait la prudence de se refuser aux batailles inutiles et dangereuses, — qui eussent été pour elle des hécatombes. Mais, quand elle jugeait opportun de se dérober, sa reculade n’était pas une débandade. Après avoir lâché pied, cette même foule se reformait dans un autre quartier, — et tout était à recommencer pour les troupes de l’ordre.


D’ailleurs, les autorités purent constater combien le respect et la crainte qu’elles inspiraient auparavant s’évanouissaient vite chez les ouvriers.

Il devint promptement impossible aux sergents de ville de circuler isolément. La chasse leur fut faite, jusque dans les maisons où ils étaient domiciliés. Comme, en majeure partie, ils habitaient les quartiers populeux, — comme ils se trouvaient porte à porte avec les grévistes, — ils furent traqués, houspillés, pâtirent de représailles. Dans la quantité, il en était qui s’étaient embrigadés faute de mieux,