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exigeait que, sur le marché, les provisions soient vendues à bas prix, afin que tous puissent s’approvisionner. Partout, le premier mobile du mouvement était le pain, — puis, l’entraînement venant, les révoltés saccageaient les maisons des percepteurs d’impôts, pillaient les châteaux, brûlaient les papiers concernant les droits féodaux, les impôts…


Un identique état d’âme se révéla dans la classe ouvrière, à la proclamation de la grève générale ; sur les malheureux sans-travail, jusque-là si veules, si incapables d’énergie, passa un souffle de révolte. Ils ne pensèrent pas à remplacer les grévistes, — ils songèrent à vivre ! Eux, et tous les inconscients qui, la veille encore, courbaient l’échine, trimaient sans espoir, entrevirent le salut, l’évasion de la misère. En eux, jaillirent les mêmes préoccupations que celles qui soulevaient le peuple de 1789 : s’assurer le pain, les subsistances !

Des bandes se formèrent qui — ici, là, partout ! — assaillirent boulangeries, épiceries, boucheries. Aux commerçants lésés qui, naturellement, récriminaient, les révoltés avec un flegme superbe signaient des bons de réquisition qui, assuraient-ils, seraient remboursés à la Bourse du travail. Après quoi, ils procédaient à la distribution gratuite.

Contre ces bandes, qui surgissaient à l’improviste, opérant sur des points éloignés, sans que rien ait donné l’éveil, la police, la troupe était lancée. Vaine intervention ! La force armée arrivait souvent trop tard. Mais aux cas rares où elle survenait à propos pour disperser les pillards, elle ne rencontrait pas