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la pratique des sports, les avait dotés de muscles. À faire de l’auto, à s’engouer pour l’aviation, ils avaient acquis l’esprit de décision, un mépris du danger et une énergie qui ne s’effarait pas au moindre heurt. Ils se comparèrent aux prolétaires, se constatèrent aussi musclés que les mieux râblés d’entre eux, — et ils avisèrent à leur tenir tête. Leur attitude s’expliquait, — fût-elle même un peu fanfaronne : en défendant leur classe, leurs privilèges, ils essayaient de conserver leur situation ; ils combattaient pour que durât leur vie de plaisir et d’oisiveté.

Les clubs et les cercles, dont ces bourgeois à tempérament faisaient partie, délibérèrent et convinrent de s’aboucher avec le gouvernement, offrant de se constituer en corps de francs-bourgeois qui batailleraient contre le peuple.

Le gouvernement s’effara de la proposition ; il craignait que cette offre cachât une manœuvre des partis dynastiques dont les compétitions et les espoirs s’éveillaient.. Pour ne pas donner à leurs partisans un certain relief, il n’accepta pas ce projet. Il eut une seconde raison pour décliner cette offre : il appréhendait que son acceptation dénotât une gravité de l’heure, qu’il ne voulait pas laisser supposer. Il remercia, prolixe en paroles réconfortantes, affirmant que l’armée suffirait à surmonter la crise.

Cette confiance qu’il simulait et voulait faire partager, les événements la démentaient brutalement. L’armée avait beau camper dans Paris, y patrouiller à fureur et s’évertuer à supplanter les grévistes, le résultat ne répondait pas à l’effort, — la grève déferlait,