Page:Pataud, Pouget - Comment nous ferons la Révolution, 1909.djvu/75

Cette page n’a pas encore été corrigée

affaires, supputant le manque à gagner que lui occasionnait la grève.

À la Bourse des valeurs, ce fut d’abord le tohu-bohu des jours de krak. Les cours dégringolèrent avec une promptitude d’autant plus échevelée que la cohue des financiers, des joueurs, vautours et caïmans, était déjà moins épaisse. Les tenaces, les obstinés affairistes, qui caressaient le rêve de rafler des millions dans l’effondrement de la rente, étaient solides au poste, — quoique leur anxiété perçât au coup de gosier moins claironnant : les voix s’enrouaient, les braillements s’assourdissaient.

Cependant, dans le monde des possédants, les gens de finance faisaient, relativement, la moins mauvaise figure. Plus habitués aux brusques coups du sort, bronzés par les montées fantasques et les déconfitures rapides, ils avaient l’intuition de flairer le profit qui se peut récolter dans une catastrophe. Dans les circonstances présentes, ils se laissaient moins facilement terrasser par la fièvre d’épouvante : ils savaient plastronner devant un péril, — et tenter d’y faire face. C’est pourquoi les grands maîtres des établissements financiers, dispensateurs du crédit et régulateurs de la circulation de l’or, — ce sang de la société capitaliste, — se mirent à la disposition du gouvernement, décidés à faire des sacrifices, à l’aider sous toutes formes.

Certains, encore, parmi les bourgeois, conservaient leur lucidité d’esprit, n’avaient pas l’âme veule et peureuse et étaient disposés à se défendre. Ceux-ci devaient ce ressort à l’éducation nouvelle qui, en exaltant la culture physique, en les orientant vers