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Certes, c’était un ennui d’être sevré de nouvelles, — mais le peuple y gagnait de redevenir lui-même, de penser par lui-même : privé de journaux, il suivait ses impulsions, réfléchissait et décidait d’après son raisonnement propre, sans être influencé par les racontars des grandes feuilles capitalistes.

Et cela était mauvais pour le gouvernement : n’ayant plus à sa disposition ce levier formidable qu’était la presse, il ne pouvait plus propager ses menaces et ses mensonges. De ce fait, un équilibre s’établissait entre lui et les groupements populaires, — à l’avantage de ceux-ci. Jusqu’alors, les organisations syndicales n’avaient eu que des moyens de publicité plutôt rudimentaires, consistant en feuilles volantes, manifestes, affiches, petits journaux. Or, il leur était loisible, malgré la grève, de recourir à ces moyens qui leur permettaient, — avec le journal de la C.G.T. qui paraissait ponctuellement, — de neutraliser dans l’opinion publique les rumeurs alarmistes.


Ainsi, par la logique même de la grève, le gouvernement se trouvait amoindri, moralement et matériellement.

Pour rehausser son prestige, il se lança plus outrancièrement dans la voie de la répression et il redoubla de violences. Il ne réussit qu’à se rendre plus impopulaire, à se faire mépriser et exécrer plus encore, — et à entraîner dans la réprobation et la haine qui l’enveloppait le régime capitaliste dont il était l’expression combative.