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il combinait des opérations policières et judiciaires qu’il estimait efficaces pour décapiter le mouvement, le désemparer.

Il ne fut pas innové. On opéra selon la tradition des gouvernements à poigne. Le parquet fut mis en mouvement et, au nom de la raison d’État, il eut ordre de procéder à une grande rafle des militants en vedette, secrétaires d’organisations et membres des comités.

L’exécution de ce vaste coup de filet avait été combinée pour le jeudi. Ce jour avait été choisi parce qu’on avait escompté qu’à ce moment, il y aurait une détente et aussi parce qu’on n’avait pas osé faire ces arrestations avant les obsèques, crainte d’accroître la surexcitation.

L’opération n’eut pas la réussite escomptée. Le secret n’en fut pas gardé et, par des voies inconnues, il parvint à la connaissance des intéressés. Nombre de ceux qui étaient menacés d’arrestation prirent leurs précautions ; ils se mirent à l’abri et la police fit buisson creux chez la plupart d’entre eux, quand elle s’y présenta.

Ce fut un échec pour le gouvernement. Le coup était raté et il n’eut pas sur le peuple l’effet démoralisant attendu. Mais les mesures répressives redoublèrent. D’ailleurs, la détente espérée par les stratèges ministériels ne s’était pas produite ; il y avait au contraire, extension et accélération de la grève.


Il faut ajouter que le pouvoir était privé d’un moyen d’action qui, jusqu’alors, lui avait été d’un grand secours : la presse quotidienne.