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Ainsi, à peine la guerre sociale était-elle engagée que l’armée, unique rempart du capitalisme, se trouvait débordée. Les dirigeants étaient obligés de se rendre à l’évidence : elle était trop peu nombreuse pour remplir efficacement les multiples besognes auxquelles elle était destinée.

Cette insuffisance numérique de l’armée se doublait d’une impuissance morale plus dangereuse encore pour le pouvoir : elle doutait de la justice de sa fonction et elle glissait sur une pente au bout de laquelle ne s’apercevait rien autre que la désagrégation.

La propagande antimilitariste était la cause initiale de cette dépression. Avec une ardeur inlassable, acharnée, les antimilitaristes travaillaient à briser la force compressive de l’armée, évoquant tout l’odieux de l’œuvre exigée d’elle.

Ces symptômes, qui étaient présages mauvais pour la société capitaliste, étaient superficiellement perçus par le gouvernement. Hypnotisé par le prestige d’une centralisation qui ramenait tout à lui, il se croyait solide et inébranlable, autant qu’un roc. Aussi, il ne songeait qu’à réprimer la grève. À aucun moment, il ne s’était préoccupé d’examiner les réclamations formulées par les organisations syndicales, — de rechercher les responsabilités encourues, au cours des incidents tragiques de dimanche.

Prêter attention à l’ultimatum des grévistes, en tenir compte, c’eût été, prétendait-il, faire abandon de sa dignité, pactiser avec l’émeute. Il couvrait donc ses subordonnés et, loin d’enquêter sur leurs actes,