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que le soulèvement révolutionnaire ne se limitait pas à Paris. Par conséquent, le gouvernement ne disposait guère que des troupes casernées dans la capitale, ou dans son rayon, pour y assurer la répression. Il y avait à cela double motif : il ne pouvait dégarnir la province, « l’ordre » y étant aussi en grand péril, et, d’autre part, il ne pouvait déplacer à son gré les régiments de leurs centres de garnison.

Il avait tenté d’amener les troupes de l’Est sur Paris, — et l’opération avait donné de piteux résultats !

On organisa des trains militaires que, malgré la grève, on essaya de mettre en route. Ils n’allèrent pas loin ! Ces convois furent bloqués en rase campagne, arrêtés par le déboulonnement des rails ou par la destruction des ponts ou des tunnels.


Des troupes de tout repos, que les ministres regrettaient de n’avoir pas sous la main, — et qui eussent réprimé le populaire avec une furie impitoyable, — c’étaient les troupes algériennes, formées par le recrutement des arabes, désormais soumis, comme les fils de la métropole, à l’impôt du sang. C’eût été de belles brutes à déchaîner sur Paris ! Ces soldats ne se fussent pas embarrassés de scrupules et auraient savouré la joie de venger leur race sur les parias de France… Mais, il ne fallait pas compter sur eux ! Ils étaient casernés en Algérie. Eût-on réussi à les embarquer, il eût été difficile de les débarquer à Marseille ou dans un autre port, — et plus difficile de les faire arriver jusqu’à Paris.