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Contre cette tactique, — qui n’était que la mise en œuvre logique de la grève générale, — l’armée était impuissante. Eût-elle même été apte à tout, apte à remédier à la grève des machines et de l’outillage, apte à accomplir tous les travaux indispensables, qu’elle n’aurait pu être mise à tout et partout. Il y avait à son impuissance une raison péremptoire : elle était trop peu nombreuse.

Malgré le bon vouloir interventionniste du gouvernement, il y avait empêchement à ce qu’il déversât toute son armée dans les travaux industriels et les fonctions publiques. Elle n’était pas inépuisable ! Il lui fallait en conserver une fraction pour la défense capitaliste !

On avait transformé les soldats en boulangers, électriciens, gaziers, cheminots, wattmen, télégraphistes, postiers, balayeurs de rues, etc. .. c’était encore insuffisant ! Par douzaines, d’autres métiers étaient en chômage auxquels la troupe ne pouvait faire face.

En quantité considérable, les troupes étaient éparpillées à garder chantiers, usines, magasins, canalisations, voies ferrées, monuments publics… C’étaient encore des milliers et des milliers d’hommes, retranchés de la production réelle, et retranchés de leur fonction guerrière ! L’armée comprenait environ, en temps normal, 600,000 soldats éparpillés dans les casernes de France… Or, à l’heure présente, rien qu’à Paris, il y avait plus de 600,000 grévistes !

L’impuissance numérique de l’armée, pour faire front à la grève générale, était d’autant plus topique