Page:Pataud, Pouget - Comment nous ferons la Révolution, 1909.djvu/66

Cette page n’a pas encore été corrigée

Le désarroi fut encore plus complet pour le service télégraphique. Aux bureaux de Paris, sa suspension fut absolue. Afin de rendre impossible tout travail, les fils avaient été brouillés ou coupés avec d’autant plus de minutie que les grèves antérieures avaient donné de l’expérience au personnel des P.T.T.

Tout d’abord, on n’avait pas été, en haut lieu, trop affecté par l’isolement télégraphique et téléphonique. On pensait y remédier grâce aux services militaires de télégraphie et de téléphonie sans fil.

Sur ce point, encore, la déception fut grande. Parmi les grévistes, il y avait des hommes de sérieuse compétence scientifique pour qui ce fut un jeu de rendre les communications aériennes impossibles. Ils s’installèrent dans une usine située sur une hauteur et à l’abri des indiscrétions ; disposant d’une quarantaine de chevaux de force et d’une excellente dynamo, ils dressèrent des antennes, — ayant soin de ne pas éveiller l’attention, — et lancèrent dans l’atmosphère des ondes contrariantes qui troublèrent et brouillèrent les signaux émis par les postes du gouvernement.


Ainsi, la grève des bras et des cerveaux se doublait de la grève des machines, du matériel.

Et ce phénomène n’était pas restreint aux corporations énumérées ci-dessus : dans la plupart, l’outillage avait été volontairement immobilisé, et ce, de manière à ce qu’il reste inutilisable tant que les grévistes n’auraient pas repris le travail.

En prenant ces mesures préservatrices, les ouvriers