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était proche et qu’il fallait, dès maintenant, envisager l’aléa de la déchéance capitaliste.

Aux fournaises des réunions, où se surchauffaient les cerveaux et où, à la flamme de la réalité surgissaient et s’épuraient les idées, à côté des timides qui hésitaient sans cesse, il était des impatients qu’exaspérait la lenteur des événements. Ceux-là trouvaient trop courtes les enjambées ; ils rêvaient de doubler les étapes. Dans leur ardeur surexcitée, ils morigénaient ceux qui marquaient quelque indécision ou réticence, leur démontrant que dans les circonstances actuelles la meilleure des prudences était d’agir vite.

De ce choc d’idées, de ce malaxage de projets : thèse de l’organisation du combat et de la résistance, thèse de la lutte pour des revendications restreintes et parcellaires, thèse de l’extension révolutionnaire de la grève et de la nécessité de sa conclusion expropriatrice, — de tout cela se dégageait un amalgame qui constituait une phase nouvelle du conflit.

Le peuple faisait un pas en avant dans la voie de la révolution : la période de grève de solidarité et purement défensive finissait, et on voyait luire les premiers rayons de la grève offensive, dont les traits de feu illuminaient l’horizon de lueurs d’incendie.

Ce qui rendait plus redoutable ce bouillonnement de révolte, c’est que l’effervescence n’était pas restreinte à Paris : la province était à son diapason ; elle n’avait plus de leçons de révolutionnarisme à prendre de la capitale, elle n’attendait pas son signal pour l’action : l’agitation n’y était pas moindre.