Page:Pataud, Pouget - Comment nous ferons la Révolution, 1909.djvu/58

Cette page n’a pas encore été corrigée

et avec indolence. Quant à la cavalerie, elle fut paralysée par le flot humain, entourée, submergée !…

Mais, lorsque les manifestants qui, en face des soldats, avaient fait preuve de modération, se buttèrent contre les sergents de ville, ils foncèrent furieusement.

Sur la police se condensaient toutes les colères ! Sur elle on voulait venger le meurtre de ceux qu’on venait de conduire au champ de repos ! C’était elle qu’on trouvait toujours en travers de sa route !… Aussi, contre elle la lutte s’engagea avec rage et les revolvers, sur lesquels depuis le matin les mains se crispaient, sortirent des poches.

Les chefs comprirent un peu tard qu’il fallait laisser passer l’ouragan.


Ces bagarres, pour vives et violentes qu’elles fussent, n’étaient pourtant qu’un incident, soulignant la gravité de ce fait autrement considérable : l’accentuation de la grève.

Les espérances caressées par le gouvernement s’effondraient ; la fin de la journée fut marquée, non par la détente qu’il avait espérée, mais par une recrudescence dans l’arrêt du travail.

Dans la soirée, des réunions nombreuses se tinrent. Chaque syndicat avait convoqué ses adhérents en des assemblées particulières, afin de délibérer sur la situation, d’examiner la portée du mouvement et d’aviser sur l’attitude qu’il convenait d’observer.

Les plus importantes de ces réunions furent celles tenues par les travailleurs des divers réseaux des