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les prévisions, — le personnel ouvrier s’associa à la grève. Le mouvement y fut facilité par la faible surveillance exercée sur ce personnel, — qu’on croyait de tout repos.

Ce furent les chauffeurs qui engrenèrent la grève. Comme dans les secteurs électriques, ils formaient un groupement à part. Il y avait chez eux des hommes de tempérament qui s’indignèrent de la veulerie de leurs camarades et qui, en quelques heures, convenablement utilisées, parvinrent, d’abord à convaincre les indécis, ensuite à préparer la grève du matériel.

À l’heure convenue, les chauffeurs mirent bas les feux et, parcourant les ateliers, ils donnèrent le signal de la suspension du travail. Leur entraînante audace fut contagieuse.

Non contents de cesser de produire, les ouvriers gaziers prirent leurs précautions pour que, — même en substituant des jaunes ou des soldats aux grévistes, — on ne pût faire du gaz. Connaissant les points vulnérables des canalisations, ils les ouvrirent ou les blessèrent… Et des usines s’éleva la pestilence de l’hydrogène fusant par les plaies béantes !

Le personnel des directeurs et contremaîtres essaya en vain de pallier au désastre. Les ouvriers gaziers, qui avaient été si longtemps dévoyés, venaient de se ressaisir et, dans leur colère d’avoir été jusque-là trop somnolents, ils avaient eu la main lourde…

Rien ne pouvait plus fonctionner sans d’importantes et longues réparations.