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les articles qui, demain, annonceraient à la population que les ouvriers électriciens n’avaient pas bronché, grâce aux si habiles et si intelligentes mesures ministérielles.

Brusquement, vers dix heures, alors que la confiance était en pleine hausse, sur tous les points de Paris à la fois, l’électricité fit défaut. Extinction complète et instantanée !…

La désillusion fut cuisante. Elle le fut d’autant plus qu’on s’était bercé d’espoirs que la réalité venait chavirer. Les sourires se figèrent en grimaces et les mines s’allongèrent.

Les commerçants et les industriels, habitués à cet inconvénient par les précédentes grèves, avaient eu la prudence de se munir d’un éclairage mixte, soit en recourant au gaz, soit à l’acétylène, soit à de simples lampes à pétrole. Ils eurent donc recours à leur éclairage de fortune.

Pourtant, en ce qui concernait le gaz, ce moyen ne donna pas les résultats espérés. Les manchons d’incandescence noircissaient, les grandes couronnes des lampadaires n’avaient plus leur splendeur éclairante. La pression baissait avec une rapidité inquiétante.

Aux premières minutes, cette baisse fut attribuée au grand nombre d’appareils mis en service en même temps. Il n’y avait rien d’étonnant, pensait-on, qu’à la hausse imprévue de la consommation correspondit une diminution de la puissance éclairante du gaz. C’était d’autant plus compréhensible qu’il n’y avait jamais de réserve dans les gazomètres et qu’il aurait suffi, pour les mettre à fond, de quelques