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Mal leur en prit ! Ce qui n’était, de prime abord, qu’amusette vira au sérieux. En peu de temps, la rue de la Paix grouilla d’une foule, en grande partie féminine et qui, narquoise et furieuse, ne voulait pas reprendre le travail.

Contre cette foule, plus exubérante que belliqueuse, qui, en fait d’armes, n’aurait pu brandir que de légers parapluies, les officiers de police eurent la maladroite imprudence d’user de violences : ils la firent charger par leurs agents, poings en avant. Les hommes firent front à l’attaque, protégeant les femmes, le mieux qu’ils purent. Ils n’y parvinrent qu’en partie.

Ce fut une mêlée sauvage ! Des femmes, des jeunes filles roulaient à terre, brutalisées, piétinées ; d’autres, apeurées et affolées par la charge, en subissaient un contre-coup nerveux et moral qui les rendait malades de terreur. Ce n’était que cris d’angoisse, de détresse et de douleur !

De la rue de la Paix, la panique se propagea aux rues avoisinantes. Une rumeur domina tout, suscitant l’indignation de tous : l’assommade des femmes par les sergents de ville.

Il n’en fallut pas davantage pour que les ateliers où le travail continuait encore se vidassent en tumulte, — malgré les patrons, qui voulaient garder leur monde et tentaient de fermer les portes pour empêcher la sortie.

Les ouvrières, énervées et encolérées, se dispersèrent comme une volée de moineaux, s’éparpillèrent dans leurs quartiers respectifs.

Le récit des événements dont elles avaient été les héroïnes