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la déception de constater les traces du passage des grévistes.

Ces derniers avaient pour eux la supériorité de l’initiative et de la spontanéité ; ils savaient apporter à leurs agissements l’impromptu favorable au succès.

Point de répétition monotone et de gestes toujours identiques ! Ainsi, pour varier leurs opérations, ils ne se faisaient pas scrupule, au sortir d’une usine, de s’aiguiller vers un bazar ou un magasin de nouveautés.

Ils y faisaient irruption par toutes les entrées à la fois ; ils farandolaient au travers des galeries, refoulant devant eux les employés encore au travail. Leur irrespect pour les marchandises étalées était si complet que, par crainte de plus appréciables dégâts, les directeurs s’empressaient de rendre la liberté au personnel et donnaient, en hâte, les ordres pour que rapidement soient baissées les devantures.

Et ces foules d’ouvriers, d’employés, ainsi lâchés dans Paris, y apportaient un regain de fermentation.

Tandis que les uns, d’esprit timoré, casanier, se garaient de la cohue et regagnaient leurs demeures, d’autres se mettaient au diapason : ils se mêlaient aux grévistes, aux manifestants, d’abord par simple curiosité ; puis, entraînés, gagnés par la fièvre de la rue, ils n’étaient pas les moins ardents, faisaient chorus avec les camarades.


Entre les spectacles divers que la grande ville offrit ce jour-là, — spectacles où la comédie s’amalgamait au drame, — il en fut un qui ne manquait