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Cette clairvoyance de l’accord nécessaire entre frères de classe, jaillissant en plein conflit, était un symptôme de l’orientation qu’allait prendre la grève générale : à sa phase, d’abord purement dissolvante et unilatérale, allait succéder une phase de solidarité effective, de reconstitution sociale.


Pour l’instant, la portée du conflit, encore à son début, résidait dans la démonstration de la toute-puissance de la classe ouvrière, manifestée par un acte négatif : l’immobilité, succédant à l’inlassable activité.

Et cette immobilité gagnait de proche en proche !

Aux boulangeries, le pain manquait en partie. Les ouvriers avaient, en proportions considérables, abandonné le travail. Les patrons, s’ingéniant à les suppléer, avaient mis la main à la pâte. Seulement, en bien des fournils, les mitrons, — qui avaient la pratique des grèves, — avaient pris la précaution, avant de se retirer, de rendre les fours momentanément inutilisables. Et ce, sans les détériorer, sans y jeter de produits nocifs. De ce fait, quantité de boulangers se trouvaient dans un complet embarras.

Aux boucheries, la disette de viande n’était pas encore sensible. La grève ne s’y constatait que par une pénurie de personnel, nombre de garçons bouchers ayant déposé le tablier.

Aux épiceries, aux grands bazars d’alimentation, même marasme : un personnel restreint assurait le service.

Aux Halles, l’encombrement de la matinée n’avait pas eu la densité habituelle. Il y avait eu du calme,