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le trop plein de leurs détritus. Au contraire, dans les quartiers ouvriers et populeux, les boueux avaient, comme de coutume, procédé à l’enlevage des ordures ménagères.

Le choix des quartiers sur lesquels allait peser plus durement la grève, les charretiers des tombereaux de la voirie n’étaient pas seuls à le pratiquer. Dans les mêmes parages, les balayeurs municipaux s’étaient abstenus de nettoyer rues et boulevards, ainsi que d’y procéder à l’arrosage quotidien.

Dans nombre de corporations, d’identiques mesures de boycottage avaient été prises.

Les travailleurs prouvaient ainsi qu’ils savaient allier à une nette conscience des nécessités de la lutte de classes, le doigté compatible avec les circonstances.

La grève générale avait pour but de mettre en valeur la puissance d’action dissolvante de la classe ouvrière et, outre cette manifestation morale, d’atteindre matériellement ses adversaires, de les frapper dans leurs besoins et dans leurs plaisirs.

En tenant compte de l’enchevêtrement social, il était difficile aux travailleurs de porter des coups à leurs ennemis, sans se frapper eux-mêmes par ricochets ; ils se résolvaient, de gaieté de cœur, à cette fatalité. Cependant, ils n’avaient pas scrupule de s’éviter cette répercussion, lorsqu’ils le pouvaient, sans mettre en péril le principe de la grève générale. À ce mobile obéissaient les travailleurs qui, par cordiale camaraderie (tels les boueux et les balayeurs des rues) s’efforçaient d’atténuer, dans les quartiers ouvriers, les inconvénients de l’arrêt du travail.