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et la force électrique ne coulait plus dans les câbles. D’ailleurs, les usines génératrices étaient en sommeil. Lorsque leurs équipes de jaunes avaient voulu mettre en route les puissantes dynamos, on avait constaté un considérable sabotage : il y avait de la poudre d’émeri dans les paliers ; on avait déconnecté certains appareils, d’autres avaient été mis en court-circuit…

Il avait été si efficacement opéré que la mise en fonctions des dynamos était, sinon impossible, du moins passablement dangereuse pour qui la tenterait. On ne l’essaya pas et on se préoccupa uniquement de réparer les dégâts.

Les tramways, ainsi que les autobus, ne circulaient pas. Dans la nuit, le syndicat avait tenu, en plusieurs quartiers, des réunions, au cours desquelles la suspension immédiate du travail avait été décidée. Aussi, aux dépôts, d’où s’effectuaient les premiers départs, rares furent les employés. Par contre, une foule animée stationnait aux portes, disposée à entraver la sortie des voitures, au cas où quelques faux frères eussent voulu travailler quand même.

La trotte désordonnée et cahoteuse des voitures de laitiers, que rythmait le brimbalement des pots à lait, n’avait pas, à l’heure grise qui précède le jour, secoué le pavé des rues. La veille, le syndicat en avait convenu ainsi, de sorte que, ni les employés des compagnies trusteuses, ni ceux des patrons isolés n’étaient montés sur leurs sièges.

D’autre part, les quartiers aristocratiques et commerçants bénéficiaient d’un boycottage désagréable et malodorant : sur les trottoirs, les poubelles étalaient