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s’ils pourraient reparaître demain, la grève n’étant plus, pour leur personnel ouvrier, qu’une question d’heures… qu’importait ! Ils avaient paru. C’était de bon augure.

Par contre, un spectacle les stupéfia, qui brouilla leur joie première : les becs de gaz de la rue flambaient tous comme avant minuit. La veille, avec un soin minutieux, les allumeurs avaient fait leurs rondes d’allumage. Après quoi, la conscience tranquille, ils avaient jugé superflu de procéder à l’opération d’extinction et avaient dormi leur nuit pleine.

Et combien nombreux, outre cela, les sujets de désarroi et d’étonnement. Et chacun prenait les choses selon son humeur : les uns s’émouvaient de la gravité et du tragique des événements ; les autres s’en moquaient.


Le métro ne fonctionnait plus. Il était pourtant desservi par un personnel considéré de tout repos. Les révolutionnaires, avec une ironie amère, prétendaient que les risques de maladie qui y étaient considérables (la tuberculose faisait d’effrayants ravages dans le tunnel) contribuaient, avec la modicité des salaires, à. rendre ce personnel souple et docile. Un syndicat jaune, constitué avec l’agrément de la compagnie, fonctionnait quasi-seul. Le syndicat rouge n’était qu’un squelette. Cependant, le métro ne fonctionnait pas !

Au matin, quand le personnel fidèle avait voulu mettre les trains en service, il ne l’avait pu, faute de courant. Les heures de la nuit avaient été mises, à profit pour une efficace opération de déboulonnage