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des rois, l’art des capitalistes : l’heure de l’art de l’humanité sonnait !

L’art, doublé de la science, comblerait le vide laissé dans les âmes par la mort des religions. Celles-ci avaient maudit la vie, maudit la beauté, condamné les sens et leur expansion joyeuse, exalté l’abaissement et le renoncement.

La vie allait prendre sa revanche ! L’être humain n’était plus rivé à la chaîne du salariat ; le but de son effort dépassait l’acquisition de ses moyens de subsistance. L’industrie n’était plus sa maîtresse, mais sa servante. Libéré de toutes entraves, il allait pouvoir s’épanouir sans contrainte.

Et il n’y avait pas à redouter que le niveau d’art baissât en s’universalisant. Loin de là, il gagnerait en étendue et en profondeur. Son domaine serait illimité ! Il imprégnerait toutes les productions. Il ne se restreindrait pas à peindre de grandes surfaces, à sculpter le marbre, à couler le bronze. L’art serait en tout ! Il serait dans le pichet à eau, comme dans les grandes décorations d’un Puvis de Chavannes ; dans les moindres objets usuels, comme dans un groupe de Constantin Meunier.

Et on ne verrait plus de grands artistes étouffés par la misère, enlisés par l’indifférence, — comme c’était trop souvent le cas autrefois !

Qui pourrait dénombrer les artistes de haute et admirable valeur qui, — comme les inventeurs, — pâtirent de la société capitaliste, moururent méconnus, tués par la faim, — ou disparurent sans laisser de traces, faute de circonstances favorables ?

Et combien, parmi ceux qui percèrent, durent lutter affreusement,