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Cependant, il ne voulait pas être pris au dépourvu ; il entendait faire montre de ses aptitudes à refréner le péril social, — autant pour maintenir son prestige que pour éviter des émotions à la Bourgeoisie. Il ne le pouvait qu’en obviant aux ennuis de la grève, grâce à la main-d’œuvre militaire. Il donna donc des instructions en ce sens.

De rapides enquêtes, près des syndicats patronaux et des grandes Compagnies d’exploitation, avaient fait connaître, approximativement, les quantités de soldats nécessaires pour remédier à la grève en assurant tant bien que mal le travail. En conséquence, une mobilisation fut préparée pour industrialiser l’armée.

Certains proposaient que, sans délai, des soldats fussent immédiatement installés près des ouvriers. Nul de ceux-ci, prétendaient-ils, en voyant à ses côtés son remplaçant disposé à se substituer à lui, n’oserait faire grève.

Les patrons, plus psychologues, objectèrent que ce procédé aurait des effets désastreux et qu’il révolterait les plus timorés. On s’en tint à dresser la liste des professions et des catégories dans lesquelles, le cas, échéant, les troupiers seraient incorporés.

Et alors que, dans les deux camps, on prenait les dernières dispositions de combat, la nuit s’avançait.

L’énorme ville s’engourdissait dans une anxieuse torpeur et, contrastant avec la bruyance de la journée, un silence morne s’épandait sur elle. Il n’était troublé que par la cadence des patrouilles, zigzaguant de rues en rues.