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ou de ne pas croire ; d’être chrétien ou spirite, bouddhiste ou théosophe. C’était affaire individuelle, sans répercussion sociale possible.

D’ailleurs, avec la montée du bien-être, — plus encore qu’avec l’instruction, — la foi baissait dans les populations. Autrefois, beaucoup cherchaient une consolation aux misères de la vie dans l’anéantissement au pied des autels, — comme d’autres espéraient la trouver au fond d’un verre d’alcool. La religion et l’alcoolisme remplissaient alors le rôle de stupéfiants, — l’un plus matériel, l’autre plus intellectuel, — auxquels recouraient bien des désespérés, choisissant l’un ou l’autre, suivant leurs conditions morales, leur degré de développement.

La sécurité matérielle, désormais assurée, avait contribué à enrayer ces pitoyables défaillances. L’alcoolisme disparaissait et la superstition perdait du terrain.


Certes, quoique la vie s’annonçât de plus en plus radieuse, la route n’était pas élaguée de toutes ronces et épines. Au delà du confort qui, maintenant, s’épandait sur tous, le problème du bonheur échappait aux prévisions sociales, étant question toute morale, toute de sentiment.

Malgré cela, en ce domaine psychologique, — comme en tout, — les effets de la transformation étaient sensibles ; les douleurs morales, les peines de sentiment, les angoisses intellectuelles étaient moins cuisantes, moins vives : n’étant plus doublées par la misère et les difficultés de l’existence, elles