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par sentiment artistique, ils opinaient pour la conservation des monuments religieux.

Contre cette thèse, d’autres s’élevaient avec vigueur. Ils se prononçaient pour qu’on abattit sans pitié tous les édifices cultuels. Et ceux qui prônaient cette destruction étaient loin d’être des hommes d’esprit barbare. Au contraire, ils étaient des plus cultivés. En eux, nulle haine du monument, — rien que la haine de la superstition dont il était le symbole. Ils proclamaient que la critique ne tue pas les religions ; qu’on peut en vain, de générations en générations, démontrer leur absurdité… qu’elles continuent à avoir des fidèles, tant que reste debout le centre d’attraction magnétique qu’est l’Église. Et ils ajoutaient que les premiers chrétiens savaient cela : à preuve qu’en véritables révolutionnaires, dès leur triomphe, ils avaient eu soin de jeter bas les temples du paganisme, — alors qu’il leur eût été si simple de les purifier et de les utiliser. Les chrétiens, observaient-ils, comprirent qu’à une foi nouvelle, il fallait des monuments nouveaux, — et ce fut leur force !

Ce sens révolutionnaire qu’eurent les chrétiens du quatrième siècle, les partisans de la démolition des églises ne le trouvaient pas chez les révolutionnaires de 1793-94 : « Piètres révolutionnaires qui, pour déchristianiser la France, se bornaient à abattre, en grande pompe, les bonshommes de pierre aux portes des églises, et croyaient être de la plus outrancière audace en transformant. celles-ci en granges ou salles de réunion. Combien ils eussent été mieux inspirés en guillotinant moins de prêtres et en abattant