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bons », couvrir les frais d’impression de l’œuvre, — quitte à en recevoir remboursement en cas de succès. D’autre part, il advenait aussi qu’il pût, pendant un temps proportionné à l’importance de ce succès, s’abstenir de sa fonction initiale, ce qui lui permettait de s’adonner complètement à l’élaboration d’une œuvre nouvelle.

Grâce à cette organisation de la production littéraire, d’art et de luxe, les œuvres nouvelles se faisaient jour sans que leurs auteurs aient à lutter contre l’hostilité ambiante ; ; sans qu’ils aient à surmonter routine et préjugés, sans calvaire à gravir. C’est que, nulle barrière ne se dressait entre elles le public. Il y avait chez les individus et dans les groupements une souplesse et une largeur de vues qui les ouvrait aux idées originales, aux souffles nouveaux ; à la zizanie succédait la camaraderie et, de partout émanait une bienveillance sereine.


On eût eu tort d’en conclure à une considérable amélioration de l’être humain. Cette modification était une question de milieu. Les hommes n’étaient ni meilleurs, ni pires ; ils étaient, tout comme avant, ni bons, ni mauvais. Tant qu’ils avaient évolué dans le société où l’intérêt personnel incitait aux gestes mauvais, ou le bien de l’un était tissé du mal du voisin, la vie avait été une âpre lutte, et tout le mauvais de la bête humaine avait crevé à fleur de peau. Désormais, il y avait transposition : le milieu social était tel que l’intérêt de chacun trouvait satisfaction dans la satisfaction de celui de ses semblables ;