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joua plus pour la recette et dès que le public ne fut plus attiré aux salles de spectacles par des manœuvres réclamistes, son goût, jusque-là artificiellement dévoyé, se clarifia.

Des compagnies d’artistes se formèrent, suivant. les genres et les spectacles, — musiciens, dramaturges, chanteurs, — se recrutant par affinités et formant des équipes qui vivaient d’une vie commune et faisaient campagne sur une scène donnée. Les théâtres, devenus propriété sociale, étaient mis gratuitement à leur disposition, de même que tout ce qui était accessoires, décors et costumes. Quand il s’agissait de renouveler un matériel, de monter un spectacle nouveau, le groupe du théâtre, — soit directement, soit par l’entremise de son syndicat, — s’abouchait avec les groupements des professions compétentes et obtenait ce qu’il désirait. Du moins, il en fut ainsi lorsque toute sécurité pour l’avenir fut acquise. Précédemment, dans la période d’incertitude et de transition, quand on redoutait de manquer du nécessaire, on négligea le superflu, et les théâtres durent se suffire avec les stocks en magasins.

Les représentations étaient soumises à une taxation, versée en « bons » de luxe. Cette « recette » n’était pas pour rémunérer la troupe ; ces « bons » étant unilatéraux, ils n’étaient jamais qu’un moyen de consommation et non d’échange ; en la circonstance, ils faisaient l’office de billets de théâtre, et non de monnaie. Cependant, cette « recette » avait une utilité : elle marquait le degré de plaisir que 1e public trouvait à tel ou tel spectacle et elle était