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fonds d’utilité, les ouvriers d’art s’adonnaient, suivant les demandes, à des travaux de luxe, œuvrant pour la joie des yeux, pour satisfaire aux goûts variés d’une population de plus en plus affinée.

Les objets de production rationnée étaient délivrés, à ceux qui en faisaient acquisition, en échange de bons de consommation de luxe auxquels, nous l’avons indiqué, par simple commodité, on avait conservé la division numérique en francs, — quoi-qu’elle ne répondit plus à rien.

Cette fabrication d’objets de luxe et rationnés n’impliquait pas, pour les ouvriers qui y collaboraient, une rémunération différente de celle dévolue à tous : ils recevaient, comme les autres travailleurs, leur carte de gratuité et leur carnet de bons pour la consommation rationnée.

Les rapports de producteur à consommateur étaient donc, — ici comme en tout, — des rapports d’égalité et de solidarité : il y avait, entre les uns et les autres, simple échange de services. Le « chèque social » n’intervenait que pour fixer l’importance de l’échange effectué, — en noter le point d’équilibre ; mais il n’établissait pas, comme autrefois la monnaie, un bénéfice au profit de l’un des contractants, — bénéfice qui avait pour contre-partie un déficit supporté par l’autre des contractants.


Ce mécanisme d’organisation, qui dosait l’usage suivant les possibilités du moment et, grâce au rationnement, établissait une balance dans la jouissance de luxe, fut appliqué à divers services, — entre autres, au fonctionnement des théâtres.