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Une parenthèse est nécessaire : au seuil de cette grève, dont les conséquences allaient être incalculables, les initiateurs la rétrécissaient à un ultimatum au gouvernement. Il n’y a pas à s’en étonner. Il en est des cataclysmes sociaux comme des organismes vivants : ils naissent d’une cellule, d’un germe qui se développe graduellement. Aux débuts, l’être est faible, la révolution est informe. Celle-ci est même tellement informe que ses plus ardents partisans, ceux qui, dans leur for intérieur en appellent la venue et voudraient la pousser jusqu’à ses plus ultimes développements, la souhaitent plus qu’ils ne la pressentent.

Ainsi a-t-il été de toutes les révolutions antérieures : elles ont surpris leurs adversaires et, quelquefois, leurs plus fidèles zélateurs. Mais, au cours de toutes, ce qui a caractérisé les hommes profondément révolutionnaires, c’est qu’ils ont su profiter des événements, ont toujours été à leur hauteur, n’ont jamais été dépassés par eux… Il en advint pareillement, cette fois encore.


Ceci observé, revenons au Comité Confédéral : à l’heure où nous sommes, la pensée qui l’animait et qui résumait les aspirations communes, était de réaliser une suspension de travail tellement complète que le gouvernement en fût ébranlé. Pour le surplus, les circonstances décideraient !

Donc, le Comité lança son manifeste. Après quoi, il s’entendit avec les conseils fédéraux des corporations, pour l’envoi de délégués en province. Ceux-ci reçurent mission de se diriger d’abord sur les points