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La journée se termina sans de trop graves incidents. Journée d’expectative durant laquelle les adversaires s’observent, plus qu’ils ne se heurtent. Il n’y eut de bagarres que sur quelques points. Elles furent suscitées par les maladresses d’agents qui, n’appréciant pas à quel degré était diminuée la docilité habituelle de la foule, croyant pouvoir la bousculer comme à l’ordinaire, eurent l’imprudence de tenter des arrestations. Mais le peuple, prompt à s’encolérer, intervint et s’acharna, n’ayant de cesse qu’après avoir obtenu, ou effectué de vive force, la délivrance des prisonniers. Cet irrespect de l’uniforme, ces rebiffades brusques et encore anodines, étaient un présage de mauvais augure pour l’autorité.

La soirée venue, l’agitation fut d’un autre ordre, mais elle ne s’atténua pas : comme la veille, elle se concentra en de multiples réunions, — meetings divers, réunions de groupes, assemblées de syndicats. Les salles regorgeaient d’auditeurs enfiévrés, et les nouveaux arrivants, faute de place, s’amassaient aux portes. Sobres étaient les discours. Ce n’était plus l’heure de palabrer longuement, mais d’aviser aux mesures à prendre, d’agir avec décision et vigueur, afin d’accentuer le mouvement de grève, de l’accélérer et de l’amplifier jusqu’à le rendre unanime.

Les organisations syndicales avaient toutes leurs comités en permanence. Le Comité Confédéral, en un premier manifeste, avait posé les conditions de la grève, défini l’ultimatum au gouvernement, qui était mis en demeure de poursuivre les assassins, de rendre justice à la classe ouvrière.