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fuyards qui, après la destruction du camp de Châlons, y prirent leurs quartiers. Il y avait là, de grands financiers ayant partie liée avec leurs confrères d’outre-Rhin ; il y avait les trusteurs de la métallurgie et des mines, associés, eux aussi, avec leurs pareils d’Allemagne ; puis, s’y coudoyait le personnel gouvernemental et parlementaire, ainsi que les familles dynastiques de la république. Derrière eux, s’amassait une horde d’aventuriers, apaches de divers mondes, officiers de fortune, émigrés de tout ordre, qui préféraient continuer à vivre là en parasites que s’adonner au travail.

À tous ceux-là, cette ville, détachée de la France, leur semblait être le meilleur abri : ils s’y sentaient à l’aise, sous les plis du drapeau allemand, — et désormais, le meilleur allié leur paraissait être l’empereur germanique.

De même que les émigrés de 1792 avaient mis au-dessus de la nation la fidélité à leur roi, de même, à l’heure présente, pour les nouveaux émigrés, l’idée de patrie était éliminée par l’idée de classe, — aussi, les capitalistes français trouvaient-ils normal d’en appeler à l’Allemagne capitaliste, contre la France ouvrière.

Aux premières rumeurs des menaces d’intervention étrangère, le Comité Confédéral — qui n’avait aucune qualité pour prendre une décision, — en appela au peuple lui-même, par le canal de ses organismes corporatifs : il convoqua un Congrès général de tous les syndicats.

Cette consultation populaire — qui était la deuxième depuis le nouveau régime, — se fit rapidement.