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précurseurs, prouvant à grands renforts d’arguments, qu’ils étaient des déséquilibrés, des fous, — ou des ignorants.


Désormais, il n’en était plus ainsi. L’homme qui avait une idée en tête pouvait, sans entraves, en poursuivre la réalisation. Nul n’ayant intérêt à s’opposer à la mise en pratique de ses projets, tous les concours lui étaient acquis. Si c’était. un perfectionnement à une machine, ou bien un procédé nouveau dont il rêvait l’application, il trouvait, parmi les camarades de la corporation, non seulement un appui, mais quelquefois un conseil utile.

La main-d’œuvre ne manquait pas. Non plus la matière première. Tous les essais se tentaient. On ne reculait même pas devant une expérience douteuse, sous le vain prétexte d’éviter un gaspillage de travail et de matériaux. On préférait courir l’aléa d’un échec que s’exposer à négliger une découverte précieuse.

Cette mentalité, née de la révolution, était le contre-pied de la mentalité bourgeoise, qui avait été toute de misonéisme et de conservatisme.

La caractéristique du régime capitaliste avait été la peur du changement, de toute secousse, de toute modification : on se complaisait dans l’immobilisme ; l’ankylose et la pétrification pouvaient être tenues pour l’idéal.

Maintenant, c’était l’opposé ; la plasticité était l’essence du régime ; son équilibre était obtenu par son extrême mobilité ; grâce à ce perpétuel devenir, la société allait être en constante transformation, en progrès indéfini.