Page:Pataud, Pouget - Comment nous ferons la Révolution, 1909.djvu/25

Cette page n’a pas encore été corrigée

ont caractérisé les gouvernements, ils annoncèrent qu’il n’y avait pas à prendre les choses au tragique et que, dans peu de jours, l’ordre, régnerait, complet. Haut la main, une majorité compacte les approuva.

Le peuple, loin d’attendre rien de favorable du parlement, le tenait avec raison pour son ennemi. Il répondit par le mépris et des sarcasmes à son indifférence. Aussi ne s’indigna-t-il pas de son attitude. Il n’espérait plus rien de lui et sut le marquer par son peu d’empressement à se porter vers le Palais-Bourbon.

La place de la Concorde où, aux périodes troublées de la fin du dix-neuvième siècle, anxieuse des décisions de la Chambre, une houle humaine déferlait, n’était plus guère qu’un centre d’éparpillement.

Le populaire, qui débordait des boulevards, où il était venu par sympathie, — ou simple curiosité, — pour voir le théâtre du massacre, était entraîné vers la Madeleine et la place de la Concorde.

Il venait là, poussé et non attiré !

Autour de l’Obélisque et des fontaines qui lui font ceinture, la foule refluait donc, un moment retenue par la magie du spectacle qui s’offrait à elle : le soleil plongeant derrière l’Arc de triomphe, illuminant l’avenue, incendiant les rameaux encore noirâtres des arbres. Et les regards, charmés, n’étaient pas détournés par le palais législatif, dont la masse écrasée, engluée d’ombre, avait des aspects de monument funéraire, donnait l’impression d’entrer dans la nuit, d’être une chose morte, d’être déjà le passé.