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ou nuisible : c’étaient des hommes libres, travaillant pour leur compte, et, par conséquent, apportant à remplir la tâche qu’ils avaient consentie un acharnement inouï.

La hantise que le nécessaire vint à manquer fit accomplir des prodiges. On trima d’arrache-pied. On donna un effort colossal, — qu’on eut refusé de donner en travail salarié. Dans certaines usines, de leur plein gré, des camarades s’imposèrent un travail supplémentaire, afin d’accroître la quantité de produits disponibles pour tous ; ailleurs, des hommes, ayant atteint l’âge du repos, réclamèrent leur place à l’atelier, ne voulant pas accepter d’être libérés du travail tant qu’on n’aurait pas acquis l’absolue certitude de l’abondance.

Dans les énormes agglomérations humaines, Paris, entre autres, — la peur de manquer de produits d’alimentation fut la grande obsession. Afin de parer à cet hypothétique péril, des travailleurs s’enrôlèrent par milliers, pour cultiver la terre, dans les vastes fermes des environs. Ces domaines, les syndicats d’ouvriers agricoles et de maraîchers, — qui pullulaient dans la région et qui, depuis longtemps étaient associés à l’action confédérale, — en avaient pris possession sans délai. Des équipes s’organisèrent auxquelles s’incorporèrent les Parisiens, se laissant guider sans infatuation par les camarades compétents. Dur fut leur travail, — étant donné leur manque d’habitude, — mais il ne fut pas harassant et rebutant comme l’était le labeur agricole d’antan. On eut recours à toute la machinerie utilisable ; défonceuses et charrues automobiles