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leur égard des mesures de boycottage effectif. On se borna à les traiter par le mépris, à les tenir à l’écart. Les paresseux furent aussi mal vus que l’étaient autrefois les mouchards et les souteneurs. Ceux-ci avaient des métiers qui nourrissaient fort bien leur homme, — mais ils étaient méprisés, regardés comme avilissants. Aussi les individus qui manquaient assez de respect d’eux-mêmes, n’avaient pas désir de propreté morale et qui se moquaient assez de la déconsidération pour manger de ce pain-là, avaient été des exceptions.

Ils furent également des exceptions les fainéants qui préférèrent subir le mépris de leur entourage au lieu de s’adonner à un travail manuel, qui n’avait rien d’une corvée fastidieuse et était une gymnastique physique, musculaire, nécessaire à la santé.

On avait tant glorifié, autrefois, le désœuvrement et la fainéantise, — tandis qu’on tenait le travail en mésestime, — qu’il n’y avait pas à s’étonner que le désir de vivre en parasites n’ait pas spontanément disparu, chez des êtres gangrenés par le milieu bourgeois. Pourtant, outre que cette propension à la paresse fut très restreinte, elle ne fut que momentanée : c’était une malaria morale, endémique au marais capitaliste, qui persistait après sa disparition, mais que la saine atmosphère nouvelle allait dissiper.

On travailla donc avec une vigueur qui avait été inconnue dans les usines et ateliers patronaux. Ce n’étaient plus des esclaves, des salariés, courbés sous une corvée déplaisante, qui leur pesait d’autant plus que, souvent, elle avait un résultat inutile