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Aussi, désillusionné, le peuple laissa faire le coup d’État de 1851.

Une perspective identique n’était-elle pas à redouter si une fois les réserves capitalistes épuisées, le réapprovisionnement devenait impossible ? N’y avait-il pas à craindre que la discorde se déchaînât dans les rangs ouvriers et que la bourgeoisie en profitât pour rétablir son règne ?

Au congrès confédéral, ce doute pesa sur les délégués syndicaux. C’est pourquoi ils n’osèrent pas fixer plus bas qu’à huit heures le maximum quotidien de la durée du travail. En la circonstance, ils ne firent que traduire les sentiments de la masse ouvrière : elle aussi, encore troublée par les préjugés et les erreurs dont on l’avait bercée, redoutait de ne pouvoir assurer l’ensemble des besoins sociaux.


L’expérience prouva tôt combien ces frayeurs étaient mal fondées. Jamais l’ardeur au travail n’avait été si vive, si unanime, — sauf peut-être en 1791, alors que le paysan qui venait de libérer la terre des privilèges féodaux, de l’arracher au seigneur, sentit la dignité humaine s’éveiller en lui et, libre, foulant un champ libre, se mit de tout son cœur et de toute son âme au labour. Ces heures splendides, on les revécut ! Et, cette fois, paysans et ouvriers avaient mêmes enivrements, mêmes enthousiasmes. Aussi, avec quel entrain on se mit au travail !


Rares furent ceux boudant à la besogne. Tellement rares, que les syndicats dédaignèrent de prendre à