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Si les paysans se plaignaient d’avoir trop de fruits, trop de cidre ; si les vignerons jérémiaient contre la mévente ; si les pêcheurs rejetaient à l’eau le poisson que les mareyeurs refusaient de leur acheter ; si les magasins étaient encombrés de chaussures, de vêtements, — ce n’était pas qu’il y eût trop de fruits, de cidre, de vin, de poissons, de chaussures, de vêtements… puisque des populations entières manquaient de tout cela !

Par conséquent, il était à prévoir que, la consommation devenant libre, la surproduction prétendue n’existerait pas longtemps.

D’autre part, les théoriciens de l’exploitation humaine avaient tellement ressassé que la contrainte était indispensable pour astreindre l’homme au travail, car, sans l’aiguillon de la faim, sans l’appât du gain, il s’adonnerait à la paresse ; que ces affirmations saugrenues avaient fait naître des appréhensions.

S’il advenait ce que prétendaient ces mauvais augures, Si le peuple, écœuré et las de travailler pour les autres, se refusait à travailler pour lui-même, la misère ne serait pas vaincue !… Et, bientôt, la réaction triompherait à nouveau.

N’était-ce pas ainsi qu’avaient sombré les révolutions antérieures ?

En 1848, le peuple versa son sang pour conquérir la république et il mit à son service trois mois de misère… Mais son sort, loin de s’améliorer, empira. Vinrent les fusillades de juin ! Puis, comme les affaires allaient mal, comme le travail ne marchait pas, la miche se fit plus rare que sous la royauté.