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et de la C.G.T. s’étaient réunis d’urgence. La décision prévue de leurs délibérations était en passe d’exécution : la grève de solidarité.

Il fut convenu d’inviter les travailleurs de toutes les corporations à suspendre le travail et à continuer la grève jusqu’au jour où le gouvernement s’engagerait à poursuivre les fusilleurs et à rechercher les responsables réels, — outre les bras qui avaient frappé, — la tête qui avait commandé.

La déclaration de grève, vite connue, se propagea avec une rapidité telle que, — quoique décidée à partir le lendemain seulement, — la cessation de travail prenait, dans le courant de l’après-midi, une extension considérable. Des colonnes de manifestants se formèrent qui, allant d’ateliers en usines, annonçaient la décision de grève et faisaient honte aux indécis rechignant à quitter le travail. En la plupart de cas, de longues objurgations étaient superflues ; le débauchage s’effectuait sans grands tiraillements.


Tandis que le peuple entrait en branle, les événements qui l’émouvaient glissaient sur l’épiderme des parlementaires. Une demande d’interpellation, déposée à la Chambre par les députés socialistes, était froidement accueillie par les gouvernementaux et les droitiers, faisant bloc contre les syndicats. Les ministres se refusèrent à fournir des explications et exigèrent d’être couverts sans débats ; plus tard, quand le calme serait rétabli, ils répondraient aux interpellateurs. Au surplus, avec l’optimisme et l’aveuglement qui, toujours, à la veille des révolutions