Page:Pataud, Pouget - Comment nous ferons la Révolution, 1909.djvu/229

Cette page n’a pas encore été corrigée

professeurs, aux travaux accumulés par les générations passées, à toute l’ambiance qui le baigne, — ce qui lui a permis le développement de ses facultés. Et ils ajoutaient : autant les maçons, les égoutiers, les boulangers, les jardiniers, ont besoin du médecin, — autant celui-ci a besoin d’eux ; entre celui-ci et ceux-là il y a échange de services, par conséquent, il doit y avoir équivalence de droits et il est abusif que l’un se targue de son savoir pour se tailler une part plus grande, au détriment de celle de ses co-associés.


Tous ne furent pas d’humeur à accepter ce nivellement sans maugréer. À ceux qui s’en chagrinaient, un docteur réputé qui, en régime capitaliste, avait disséqué les plaisirs factices de la grande richesse, versa le baume philosophique :

« Avez-vous oublié, leur exposa-t-il, que ce que le riche pouvait consommer personnellement était peu de chose par rapport à sa fortune croissante ?

« Il n’avait qu’un estomac et devait le ménager. Lorsqu’il avait mangé deux ou trois plats, deux fois par jour, il avait touché la limite de sa faculté gastrique en quantité. Ses aliments étaient de premier choix, mais la qualité optima était vite atteinte.

« Les pommes de terre, un des meilleurs légumes, il se les procurait, parfaites, à bas prix. Quant aux primeurs ou aux produits des autres saisons, leur prix pouvait s’élever énormément sans que leur agrément croisse en proportion. La plupart ne valant pas, pour la saveur, le fruit du moment.